
Champs Libres

Pour cette nouvelle exposition intitulée « Champs libres », Gaël Davrinche déploie une peinture où la couleur devient terrain d’expérimentation et d’élan. Ici, les masses chromatiques s’entrechoquent, se frôlent ou s’embrasent, laissant jaillir des éclats de lumière et des ombres profondes. Chaque toile, vaste et respirante, semble capturer un instant de nature transfiguré par l’énergie du geste. Le sujet, souvent présent, reste pourtant secondaire : il n’est qu’un prétexte à un agencement de couleurs librement choisi, sans recherche de cohérence avec la représentation initialement envisagée. Mais cette volonté de s’abstraire du sujet se heurte à une certaine résistance de celui-ci : une tension fertile qui maintient l’image sur le fil, entre figuration et abstraction. Les couleurs, comme dans un rêve, fuient la réalité et affirment une subjectivité assumée. Elles traduisent une forme d’innocence face à la représentation, une volonté de déborder du cadre. Nous ne savons plus si nous sommes à l’intérieur ou à l’extérieur, dans un paysage ou dans une sensation. L’artiste joue à nous confondre avec les codes mêmes de la représentation, au profit d’une projection imaginaire du spectateur. Le titre « Champs libres » ne désigne pas seulement le champ pictural ou le sujet représenté par l’artiste : il affirme aussi la liberté laissée à chacun dans l’interprétation. Ce qui est donné à voir n’impose rien . Chacun y perçoit ce qu’il souhaite y voir, dans une ouverture totale aux imaginaires individuels.
On y croise des floraisons démesurées, des clairs-obscurs flamboyants, des horizons dilués dans le rose, le jaune, le vert acide ou le violet profond. Les lignes parfois nettes, parfois diffuses, s’inventent comme des sentiers qui nous guident à travers champs, forêts ou clairières intérieures. Champ libre est un espace ouvert : celui de la liberté picturale, où l’abstraction et la figuration s’entrelacent comme pour mieux brouiller les pistes. Davrinche nous y entraîne dans une danse de gestes amples et de couleurs franches, où chaque touche est un souffle, chaque composition un battement. Cette exposition s’adresse à ceux qui aiment se perdre dans l’inattendu, qui laissent leur regard s’aventurer au-delà des contours, et qui savent qu’en peinture comme dans la vie, le vrai chemin est celui qu’on invente en marchant.

















