Sentences

Depuis 2024, Gaël Davrinche explore une nouvelle voie avec sa série Sentences, où la peinture abstraite dialogue avec le texte. Dans ces toiles, les touches de couleur rencontrent des phrases fortes, presque slogans, porteurs de messages philosophiques et existentiels. Reprenant l’usage du texte amorcé dans ses œuvres des années 2000, Davrinche en fait aujourd’hui un instrument de réflexion sur notre condition humaine : en anglais comme en français, chaque sentence rappelle à l’ordre, nous interpelle sur nos choix et nos responsabilités, et nous invite à la vigilance vis-à-vis de soi et des autres.

La typographie, dans cette série, cesse d’être uniquement un support de lecture : elle devient motif, rythme visuel et élément abstrait. Chaque caractère possède un double rôle à la fois lisible et décoratif, conférant aux phrases un aspect philosophique, ésotérique et spirituel. Ces sentences remplacent ce que l’on attendrait traditionnellement d’une image figurative : là où une peinture classique nous fait voyager par son sujet, ici, c’est la dimension sémantique qui prend le relais. Les phrases abstraient la représentation classique et offrent une évasion par la pensée, invitant le spectateur à méditer, à questionner et à explorer des territoires intérieurs.

Les couleurs vibrantes, ponctuées de bleu aux reflets violacés, évoquent le stylo bille de l’enfance. Gaucher, l’artiste se souvient des encres encore fraîches laissant des taches, des traces imprévues sur son cahier, qui transformaient l’écriture en un dialogue entre texte et image. Cette mémoire sensorielle de l’enfance irrigue aujourd’hui sa peinture, donnant aux phrases une dimension picturale et spirituelle.

Chaque sentence agit comme un miroir inversé, nous regardant et nous questionnant quotidiennement. Elle interpelle selon le vécu de chacun et se transforme en abstraction par les variations de résonance personnelle. Ce qui apparaît comme une phrase fixe sur la toile devient un territoire de sens mouvant, que chaque spectateur peut s’approprier différemment. Les sentences se font ainsi à la fois précepte et béquille, offrant un rappel constant de notre devoir de réalisation personnelle, mais aussi un encouragement à l’altérité et à l’amélioration collective.