Stratums
Gaël Davrinche – Stratums
Commencée en 2020, la série Stratums prolonge les recherches de Gaël Davrinche autour de la mémoire picturale. Ces œuvres sont conçues comme des « souvenirs colorimétriques » de peintures existantes : non pas une reproduction fidèle, mais la rémanence d’une image qui subsiste uniquement à travers une ambiance chromatique.
Poursuivant l’esprit de sa série des Revisités, l’artiste se concentre ici sur ce qui reste lorsqu’une œuvre se dissout dans le souvenir : des traces, des strates de couleurs, qui se superposent et se mêlent horizontalement. Toute la partie haute de la toile demeure blanche, immaculée, comme une respiration silencieuse. Ce blanc, à la fois absence et lumière, dégage une forme de spiritualité qui émane de la peinture.
Au cœur de Stratums se trouve aussi la mémoire sensorielle : ce que l’œil et le corps retiennent d’une image au-delà de sa forme exacte une sensation de lumière, une densité de teinte, une vibration presque tactile. L’artiste travaille l’idée de sédimentation, comme si l’image initiale s’était peu à peu écrasée sur elle-même pour n’en garder que l’archéologie. Les couches, telles des dépôts successifs, s’étirent et se fondent du haut vers le bas, évoquant le passage du temps et l’effritement de la perception.
Cette construction horizontale trace un lien entre le céleste et le terrestre. Le blanc, pur et suspendu, incarne le céleste qui s’évapore ; les couleurs et les strates, denses et physiques, représentent la matière concrète, le terrestre. Entre ces deux pôles, l’œuvre devient un espace de transition, où l’évanescence de la mémoire rencontre la gravité du monde.
